Un tunisien vient en aide à une femme harcelée et se fait mortellement poignarder à Anvers

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5/27/20254 min read

Un homme d'origine Tunisienne, Ilyes Zairi, 32 ans et père d'un enfant, est venu en aide à une jeune mère qui était harcelée sur une place du Seefhoek dimanche après-midi. Mais ce qui était censé être de l’héroïsme s’est transformé en tragédie : il a été poignardé avec un couteau en pleine poitrine.

Le meurtrier avait déjà abordé la femme la veille. “Je suis encore sous le choc”, témoigne aujourd’hui Manuela Raymaekers, 28 ans. “J’ai essayé de ranimer Ilyes, mais j’ai vu la vie quitter ses yeux.”, rapporte SudInfo.

Un harcèlement sexuel

Tout a commencé par une intervention courageuse. Ilyes Zairi, 32 ans, est assis avec trois amis sur la place Duinplak dans la Duinstraat, au cœur du Seefhoek d’Anvers, vers 16 heures, dimanche après-midi.

Les hommes discutent après un café dans un bar tunisien. Alors que le soleil perce les nuages, le regard d’Ilyes tombe soudain sur une jeune mère visiblement mal à l’aise. "Un garçon d’origine africaine, qui s'exprime en anglais et surement à peine âgé de 18 ans, est assis juste à côté d’elle", indique les témoins.

“J’étais assise sur un banc pendant que mon fils de quatre ans jouait”, raconte Manuela Raymaekers, 28 ans.













“Ce jeune homme était si proche qu’il m’a touchée. J’ai bougé un peu, mais il a bougé avec moi. Je me suis sentie menacée et j’ai essayé de détourner le regard.”

Mais le meurtrier ne se laisse pas décourager. Un foulard masquant son visage, il s’adresse à la femme : il veut avoir des relations sexuelles avec elle, et il fera quelque chose à son fils si elle refuse. Paniquée, elle met ses AirPods et essaie de l’ignorer.

Un couteau dans la poche arrière

Ilyes, qui voit tout ce qui se passe, intervient alors. Il s’approche du garçon et lui parle calmement. “Il lui a dit d’arrêter et de partir”, indique Ashraf, un témoin sur la place. “Pas de violence physique, juste des mots. Ilyes a demandé ce qui n’allait pas chez lui. Mais le garçon n’a rien pu dire.”

Pendant un instant, il semble céder, il recule de quelques pas. Mais soudain, il prend un couteau dans sa poche arrière et en une fraction de seconde, il poignarde avec force la poitrine d’Ilyes. La victime trébuche quelques pas, puis s’effondre. Le meurtrier s’enfuit.

“J’ai enlevé mon pull et j’ai appuyé sur sa blessure à la poitrine. Mais j’ai vu la vie s’éteindre lentement. Il est mort dans mes bras.”

“J’ai essayé de réanimer Ilyes”, raconte Manuela, qui ne connaissait pas personnellement son sauveur. Elle et son fils de quatre ans ont été témoins du drame. La panique était totale. “J’ai enlevé mon pull et j’ai appuyé sur sa blessure à la poitrine. Mais j’ai vu la vie disparaître lentement de son regard. Son cœur s’est arrêté de battre. Il est mort dans mes bras.”

Alors que Manuela s’occupe désespérément d’Ilyes, ses amis courent après le meurtrier. À Albert Heijn, dans l’Offerandestraat, deux rues plus loin, ils l’attrapent avec l’aide de la police. Un officier le saisit par derrière et le plaque au sol. Un deuxième officier lui retient le bras. La photo ci-dessous montre le couteau ensanglanté gisant sur le sol à côté de l’agresseur.
















L’auteur des faits a été interpellé et présenté lundi soir au juge d’instruction.

Vengeance

“La veille, samedi, il m’avait également harcelée”, raconte Manuela, qui vit à Seefhoek avec son mari et ses deux fils. “Il n’arrêtait pas de m’approcher sans raison apparente. Pourquoi se promenait-il là-bas? J’ai vu qu’il avait rendez-vous avec son dealer.”

Mais à ce moment-là, l’agresseur a dû être confronté à d’autres témoins qui lui ont demandé de laisser la femme tranquille. Il aurait été frappé puis se serait enfui. Il est probablement revenu dimanche avec un seul objectif: la vengeance. Et l’innocent Ilyes en a payé le prix.

“Un gars génial”

Les antécédents du meurtrier restent pour l’instant flous. On en sait plus sur la vie d’Ilyes Zairi, la victime. Il n’était en Belgique que depuis cinq ans, sans papiers, et travaillait occasionnellement dans le secteur de la construction pour joindre les deux bouts.
















Il y a une dizaine d’années, Ilyes a quitté la Tunisie et a trouvé temporairement sa place en Allemagne, où il a rencontré sa première femme et est devenu père d’un fils. Après leur rupture, il s’est finalement retrouvé à Anvers.

“Ilyes était un type formidable”, raconte son ami Ashraf. “Il avait un grand cœur et était toujours là pour les autres. Ce qu’il a fait dimanche était typique de lui. Il ne faisait jamais de mal à personne.”

“Ilyes restera l’homme le plus courageux que j’aie jamais connu.”

“Je suis encore sous le choc”, dit Manuela, qui réalise à peine la tragédie à laquelle elle a échappé. Et pourtant, un profond sentiment de culpabilité persiste.

“J’ai l’impression qu’Ilyes est mort à cause de moi. Parce qu’il voulait m’aider. Je pense à son fils, à son ex-femme… Il n’a jamais mérité ça. Mais pour moi, il restera l’homme le plus courageux que j’aie jamais connu.”

Veillée silencieuse

Jeudi, les habitants du quartier se rassembleront à Duinplak pour une veillée silencieuse à la mémoire d’Ilyes. “Pour réfléchir à ce qui s’est passé”, disent les organisateurs. “Et pour envoyer un signal clair contre la violence, l’intimidation dans la rue et l’insécurité croissante dans notre quartier.”