Six mois avec sursis pour un internaute après un message raciste visant un commissaire d’origine maghrébine

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3/10/20253 min read

Le commissaire Homar Ajdid, d'origine Marocaine, chef du service local de police judiciaire de Pau, a été la cible d’un message à caractère raciste publié sur le réseau social X.

Derrière ce message, provenant du compte prétendument anonyme @SusAuxBarbus, un homme de 57 ans, Vincent, qui n’a pas hésité à diffuser une photo du policier tout en insinuant que des "agents doubles" issus de l’immigration infiltreraient les institutions françaises.














Un message ambigu mais sans équivoque

L’auteur du message a publié un texte inquiétant :

"Petit à petit, à bas bruit dans nos villes de province, au cœur du vieux pays, ils s’installent discrètement dans nos institutions régaliennes de maintien de l’ordre, dans les commissariats, les tribunaux, les gendarmeries, les casernes de pompiers…"

Accompagné d’une photo du commissaire prise dans un article du journal Sud Ouest, le message laisse entendre que les Français d’origine maghrébine ne seraient pas légitimes à occuper des fonctions dans les forces de l’ordre. Un sous-entendu raciste et délétère, d’autant plus dangereux dans le contexte politique et social actuel.

Un harcèlement pesant pour le commissaire et sa famille

Devant la justice, Homar Ajdid a dénoncé un message aux conséquences graves, portant atteinte à son honneur et jetant un doute sur la légitimité de sa place dans la police :

"Je ferais partie de ces Français qui ne sont pas Français, des usurpateurs, des agents doubles venus prendre la place de ceux qui sont légitimes. Ce sont des propos graves et insupportables."

Mais au-delà de l’atteinte personnelle, le policier s’inquiète pour sa sécurité et celle de ses proches.

"Le message est clair : réveillez-vous, ils sont en train de prendre votre place et il en fait partie."

Un discours qui, sous couvert d’un prétendu "constat" sur l’état du pays, alimente une vision complotiste où tout Français d’origine maghrébine serait suspect.

Un prévenu assumant ses propos

Lorsqu’il a été entendu, Vincent n’a pas cherché à nier ses actes.
Loin d’exprimer le moindre remords, il a adopté une posture victimaire en estimant qu’il n’avait fait qu’exprimer une opinion, ajoutant avec défiance :
"On n’a plus le droit d’être d’accord. Ça commence à tirer sur la démocratie."

Une tentative d’inverser les rôles, classique dans ce type d’affaires, où l’auteur des propos racistes se pose en martyr de la liberté d’expression plutôt que d’assumer la gravité de ses paroles.

Une ligne de défense fragile

Absent à l’audience, Vincent a laissé son avocat, Maître Christophe Arcaute, tenter d’adoucir la sentence. Ce dernier a plaidé l’ambiguïté du message, arguant que son client n’avait "pas nommé explicitement le commissaire", qu’il n’y avait "pas d’injure manifeste" et que le "ils" utilisé dans le message ne visait "personne en particulier."

Un jeu de sémantique que le procureur a rapidement balayé, dénonçant une hypocrisie flagrante :
"De qui se moque-t-on ? On choisit les valeurs que l’on défend et les propos que l’on tient."

Une condamnation, mais une sanction symbolique

Les juges ont suivi les réquisitions du parquet et ont reconnu Vincent coupable d’injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion.

Sa peine :

  • Six mois de prison avec sursis,

  • 3 000 euros d’amende,

  • 1 000 euros de dommages et intérêts à la victime,

  • 600 euros au titre des frais de procédure.

Si la reconnaissance de la culpabilité est une victoire pour la justice et contre le racisme décomplexé visant les Maghrébins qui gangrène les réseaux sociaux, la peine reste légère au regard des attaques subies par le commissaire Ajdid.

Un climat de haine entretenu par les extrémistes

Ce jugement s’inscrit dans un contexte où les campagnes racistes contre les Français d’origine maghrébine se multiplient, notamment lorsqu’ils occupent des fonctions de pouvoir ou de prestige.

Le message dont a été victime Homar Ajdid ne relève pas d’un simple "avis" exprimé sur Internet, mais bien d’une stratégie politique : celle de désigner les Français d'origine maghrébines comme des "intrus", des "envahisseurs", voire des "ennemis de l’intérieur".

Derrière cette affaire, c’est toute une rhétorique haineuse qui transparaît, un discours dangereux qui, de la parole aux actes, peut mener aux pires dérives.

La condamnation de Vincent est un rappel que l’incitation à la haine n’est pas une opinion, mais un délit.