Saint-Denis : Un boucher Maghrébin victime d’une campagne de harcèlement orchestrée par Damien Rieu

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3/9/20254 min read

Un commerçant ciblé en raison de son nom… et de son identité

Depuis plusieurs jours, la boucherie halal "Les Barbaresques", située à Saint-Denis et tenue par un commerçant algérien, est la cible d’une intense vague de harcèlement en ligne. L’acharnement est motivé par l’utilisation du mot "Barbaresques", qui fait référence aux corsaires nord-africains des XVIe et XVIIe siècles, et que certains militants d’extrême droite accusent – à tort – de glorifier l’esclavage des Européens.

Mais derrière cette polémique historique, un prétexte se cache : une attaque en règle contre un entrepreneur maghrébin et musulman, dans la continuité d’une longue série de campagnes islamophobes menées par les milieux identitaires.

Damien Rieu entre en scène et désigne une cible

L’activiste d’extrême droite Damien Rieu a jeté de l’huile sur le feu en publiant un message accusant directement le gérant d’être un "islamiste", une accusation lourde de conséquences qui fait peser un réel danger sur l’homme et son commerce. Il ne s’est pas arrêté là : se rendant sur place avec une caméra, il a directement confronté le boucher, transformant son commerce en plateau de propagande identitaire.





























Un "débat" faussé et un procès d’intention

Dans la vidéo publiée à 17h, Damien Rieu révèle que le vrai problème, est bien l'islam. Malgré l'absence de tout élément prouvant une quelconque radicalisation, Rieu martèle son accusation d’"islamisme", confondant volontairement la simple appartenance à l’islam avec une "idéologie extrémiste."

Lorsque le commerçant, avec calme et lucidité, lui demande pourquoi il ne s’indigne pas de la même manière face aux commerces utilisant le nom des Vikings (eux aussi impliqués dans des razzias et des pillages en Europe), Rieu répond avec un cynisme glaçant : "Ce n'est pas eux qui égorgent mon peuple en ce moment."

Par cette phrase, il ne fait pas que nier la réalité historique, il affirme explicitement que les Maghrébins seraient aujourd’hui un problème en soi, amalgamant toute une communauté à des actes de violence. Un discours dangereux, qui pousse à la stigmatisation et à la haine collective.

Un mépris assumé jusqu’à la dernière seconde

Malgré les attaques répétées, le commerçant tente de clore l’échange en expliquant qu’il envisage de partir du pays et de faire sa hijra. Mais loin de se contenter de cette réponse, Damien Rieu va jusqu’à lui ordonner de quitter la France avant de lui lancer, dans une ultime provocation : "Avant de partir, vous n’allez pas nous piller, nous voler ?"

Cette phrase ignoble en dit long sur la véritable nature de cette mise en scène : il ne s’agit pas d’un "débat" sur un nom, mais bien d’une entreprise de délégitimation pure et simple de la présence des Maghrébins et des musulmans en France.

Un appel à la fermeture du commerce

Ne s’arrêtant pas là, Damien Rieu a également interpellé le ministère de l’Intérieur pour demander la fermeture administrative de la boucherie. Une tentative d’asphyxie économique qui rappelle de nombreuses autres campagnes ciblant des commerces tenus par des musulmans, sous prétexte de pseudo-menaces sécuritaires.

La victimisation incessante de Rieu

Damien Rieu, fidèle à son habitude, se drape dans une posture de victime tout en jouant les inquisiteurs. Après avoir transformé un simple nom de commerce en polémique artificielle, il se présente comme un défenseur assiégé, occultant volontairement le contexte historique et les exactions de ses propres ancêtres.

Qualifier le terme Barbaresques de « provoquant » sous prétexte que des corsaires musulmans ou des pirates berbères capturaient des Européens est une vision biaisée qui occulte la réalité historique.

Comme l'explique Fernand Braudel, ce sont les Européens chrétiens qui, dès le Moyen Âge, ont initié des raids incessants contre les côtes nord-africaines, motivés par la richesse du monde musulman.

Loin d’être une agression unilatérale, la piraterie des Barbaresques n’a été qu’une réponse aux pillages systématiques des royaumes chrétiens, soutenus par la Papauté dans le cadre d’une guerre totale contre l’Islam.

Dès le XIIIe siècle, après la chute des Croisades en Orient, la chrétienté occidentale a planifié l’asphyxie économique du monde musulman par des attaques maritimes et des razzias, bien avant que les Barbaresques ne ripostent.

Les corsaires d’Afrique du Nord ne faisaient qu’appliquer la loi du talion en s’attaquant aux agresseurs européens, rendant coup pour coup à une violence institutionnalisée par l’Église et les royaumes chrétiens.

Plutôt que de pleurer sur le sort des captifs européens, Damien Rieu ferait mieux de se pencher sur les exactions de ses ancêtres, véritables prédateurs de la Méditerranée bien avant l’émergence des Barbaresques.


















Un climat de haine qui met en danger une communauté entière

Derrière cette affaire, c’est toute une frange de la population qui est visée. Ce harcèlement médiatique et politique met en lumière une stratégie désormais bien rodée : partir d’un prétexte anodin pour transformer un citoyen lambda en ennemi intérieur.

Le commerçant, dont la seule faute est d’être maghrébin et musulman, se retrouve aujourd’hui exposé, mis en danger par un militant dont les méthodes rappellent les pires heures de l’histoire.

Les conséquences de cette campagne sont lourdes : elles renforcent un climat de suspicion envers une partie de la population et contribuent à l’hostilité croissante contre les entrepreneurs issus de l’immigration.

Face à cette escalade, la question se pose : combien de temps encore ces campagnes de haine resteront-elles impunies ?