Reconnaissance d'un crime raciste : la famille de Djamel exige justice
ACTUALITÉS


Le 31 août 2024, Djamel, 43 ans, a été mortellement renversé par un véhicule à Cappelle-la-Grande (Nord), sous les yeux de sa fille. Le principal suspect, Jérome Décofour, est mis en examen pour meurtre et placé en détention provisoire.
La famille de Djamel lutte aujourd'hui pour que ce crime soit reconnu comme un acte à motivation raciste.
Un passé de menaces et d'intimidations racistes
La famille du défunt a découvert après sa mort plusieurs plaintes qu'il avait déposées contre son agresseur présumé, citant des insultes récurrentes à caractère raciste, ainsi que des actes de provocation. Djamel avait signalé un climat d'insécurité, mentionnant notamment que le suspect possédait des armes à feu et cherchait des informations sur sa fille. Parmi les faits rapportés figurent l'envoi d'objets humiliants tels que du saucisson marqué "halal", des peluches et des chocolats en forme de cochon, en référence à sa religion.
Malgré ces signalements, les plaintes avaient été classées sans suite pour prescription, bien que les insultes racistes relèvent d'un délai de prescription plus long. La famille de Djamel conteste cette décision et demande que justice soit rendue.
Un lien avec un groupuscule identitaire
L'enquête révèle que le suspect entretenait des liens avec la "Brigade française patriote", un groupuscule identitaire et survivaliste. Des photos le montrent portant un écusson de ce groupe, et lors des perquisitions, les forces de l'ordre ont retrouvé plusieurs armes à son domicile, ainsi qu'une machette et un drapeau français dans son véhicule.
Trois associations anti-racistes, la Maison des Potes, le MRAP et la Ligue des Droits de l'Homme, se sont constituées parties civiles dans cette affaire. La famille demande la requalification du meurtre en "meurtre commis en raison de la race, de l'ethnie, de la nation ou de la religion", une qualification qui porterait la peine encourue de 30 ans de réclusion à la perpétuité.
Une mobilisation pour la justice
La mère de Djamel, Zohra, exprime son amertume face au traitement judiciaire de l'affaire et au manque d'informations transmises à la famille. "Si nous n'avions pas retrouvé ces plaintes, ce crime serait resté un simple fait divers", regrette-t-elle.
Un rassemblement en hommage à Djamel et pour demander la requalification de l'affaire est organisé ce vendredi à 17h30 devant le Palais de Justice de Dunkerque. Le procureur de la République a confirmé que la qualification de "meurtre" avait été retenue dès le 2 septembre et que des investigations sont en cours, avec la possibilité d'une aggravation de la qualification en fonction des éléments recueillis.