Perpignan : Une femme multirécidiviste agresse les Maghrébines de Saint-Jacques en toute impunité

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3/15/20255 min read

À Perpignan, une ancienne journaliste, Pascale L., sème la terreur parmi les femmes musulmanes du quartier Saint-Jacques depuis des années. Connue sous le surnom de « la raciste à la croix », cette femme de 60 ans multiplie insultes, menaces et agressions verbales, notamment à l’encontre des femmes voilées et maghrébines, révèle Mediapart.

Malgré une condamnation en 2018 à quatre mois de prison avec sursis et une interdiction d’approcher une école, elle continue ses agissements sans être inquiétée par la justice ou la police. Mediapart révèle qu’elle assume pleinement son comportement et persiste dans sa croisade islamophobe.

Un harcèlement systématique des Maghrébines du quartier

Selon les témoignages recueillis, chaque femme d'origine Maghrébine croisant son chemin devient une cible. Pascale L. interpelle systématiquement les femmes voilées en levant sa croix et en criant « Yahve Akbar ». Elle les insulte, les assimile à des terroristes et prétend se sentir agressée par leur simple présence.

« Elle m’a agressée en 2009, se souvient Yamina, mère au foyer. J’allais chercher mes enfants à l’école Romain-Rolland. Elle criait “Yahve Akbar”. Je suis allée la voir pour lui demander pourquoi elle criait ça en me voyant. Elle m’a dit “n’approche pas”. Puis elle m’a sorti un couteau de cuisine. »

Son acharnement ne se limite pas à la rue : elle inonde les entreprises et associations de courriers haineux, s’attaque aux commerçants maghrébins et surveille ostensiblement les femmes voilées dans le quartier. Plusieurs vidéos circulant sur les réseaux sociaux la montrent suivant ses victimes, les filmant et les invectivant.

« En 2024, elle m’a insultée à plusieurs reprises parce que je porte le voile. Une fois, elle était en bas de chez moi et a insulté mes parents de sales Arabes », abonde sa copine Sarah*, qui n’a pas porté plainte : « Je ne fais pas du tout confiance à la police pour nous écouter. »

« Il y a quelques mois, je l’ai croisée place Catalogne, se souvient Clara, membre de SOS Racisme. Elle était en train d’agresser verbalement une femme voilée et sa fille, une enfant de moins de 10 ans. Elle a posé sa main sur l’épaule de la femme voilée, c’est à ce moment que je me suis interposée. »

Sur la place Joseph-Cassanyes, beaucoup la connaissent aussi. « Elle agresse ma femme quand elle la voit », commente le kébabier. « Elle embrouille aussi les femmes dans le quartier du Champ-de-Mars », confie une cliente âgée qui n’a jamais eu affaire à elle.

Devant l’école Romain-Rolland, trois mères de famille assurent « très bien » connaître la dame. « Elle me crie dessus, je ne comprends pas toujours ce qu’elle dit, débute Rabha. Mais maintenant, chaque matin, je pense à elle avant de sortir. Je sens un stress dans tout mon corps à l’idée de la croiser. »

Même constat pour Kheira : « Elle me déteste. »

La troisième, Élodie, dit avoir été témoin d’un nombre incalculable de ses interventions brutales. Sur Facebook, « une dame voilée » assure avoir porté quatre fois plainte, en vain.

Des menaces physiques et des armes blanches

Des témoignages font état d’un couteau qu’elle porterait sur elle pour intimider ses cibles. En 2017, lors d’une interpellation, la police a bien trouvé un couteau de cuisine dans son sac.

Certaines victimes rapportent également des agressions physiques : coups de coude, tentatives de bousculade et même accélérations volontaires en voiture près d’une école fréquentée par des enfants musulmans.

Pascale, une islamophobe revendiquée

Pascale L., habitante du quartier Saint-Jacques depuis 2004 et journaliste à la retraite, s’illustre par un comportement ouvertement islamophobe et une hostilité marquée envers la communauté maghrébine. Formée dans une grande école de journalisme et ayant fait carrière dans la presse locale, elle assume pleinement interpeller systématiquement chaque musulman ou musulmane qu’elle croise par un provocateur « Yahve Akbar », une déformation volontaire de la formule islamique bien connue.

Elle revendique avec fierté la répétition quotidienne de ces invectives, ciblant notamment les jeunes hommes en tenue traditionnelle.

Une haine viscérale contre les Maghrébins

L’hostilité de Pascale L. ne s’arrête pas aux attaques verbales. Elle exprime un rejet total des Maghrébins, particulièrement des Algériens qu’elle qualifie de « plus nombreux et plus dangereux ».

Son rejet dépasse l’idéologie et se traduit par des actes concrets : elle se vante de boycotter les commerces tenus par des Maghrébins et refuse toute interaction avec eux, elle boycotte « le couscous de Khedidja » et ne boit plus son thé « chez le Marocain ».

Se sentant « agressée » par la simple présence de femmes voilées ou d’hommes musulmans dans son quartier, elle arbore une croix ostensiblement en guise de « riposte ».

Une stratégie de provocation préméditée

Le plus inquiétant dans l’attitude de Pascale L. réside dans sa volonté manifeste de provoquer des incidents, dans l’espoir de pouvoir se poser en victime. Elle relate ainsi avec un certain plaisir une confrontation avec une commerçante musulmane de son quartier. Après avoir longuement fixé des femmes voilées devant son échoppe, elle a été priée de quitter les lieux. Quelques mois plus tard, elle renouvelle son manège, espérant déclencher une réaction violente.

« Je ne demandais que ça, qu’elle me tape ! Je ne demandais que ça ! Pour aller porter plainte », avoue-t-elle sans détour. Cet aveu révèle une stratégie délibérée de provocation visant à exploiter le système judiciaire pour légitimer son acharnement contre les Maghrébins et les musulmans.

Ce comportement calculé, fondé sur une haine assumée et une volonté manifeste de créer des tensions, illustre une dérive inquiétante. Plus qu’un simple rejet idéologique, Pascale L. semble mener une véritable croisade personnelle contre une partie de la population, en toute impunité.

Une condamnation inefficace et une impunité totale

En 2018, Pascale L. a été condamnée à quatre mois de prison avec sursis, une mise à l’épreuve et un suivi psychologique, après les plaintes de sept mères de famille. Pourtant, malgré cette sanction, elle n’a jamais cessé ses agissements.

Pire encore, la police et la justice semblent fermer les yeux sur ses récidives. Plusieurs signalements et plaintes ont été déposés entre 2020 et 2024, sans qu’aucune mesure concrète ne soit prise.

Une justice à deux vitesses ?

Face à cette impunité inquiétante, la préfecture et le parquet se renvoient la balle, affirmant que Pascale L. est « bien connue des services de police et de justice » sans qu’aucune action ne soit entreprise.

Les victimes, elles, se disent désemparées face à l’inaction des autorités. Beaucoup affirment ne pas porter plainte par peur de ne pas être entendues, certaines ayant déjà vu leurs plaintes classées sans suite.

Pendant ce temps, Pascale L. revendique ouvertement son islamophobie et promet de continuer. « Je ne suis pas près d’en terminer », déclare-t-elle fièrement à Mediapart.

Dans un contexte où les actes islamophobes se multiplient en France, cette affaire met en lumière l’incapacité – ou le refus – des institutions à protéger les victimes, laissant la porte ouverte à une escalade de la violence.