Exclusion et humiliation : le témoignage d'une bénévole voilée au Restos du Cœur
Une bénévole d'origine Algérienne relate sa mauvaise expérience dans un centre des Restos du Cœur. Entre injonction à retirer son voile, cris et mépris, son témoignage soulève des questions sur l'accueil et les discriminations au sein de l'association.
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Une jeune femme d'origine Algérienne, voilée, a partagé sur les réseaux sociaux son expérience amère au sein d’un centre des Restos du Cœur. Animée par la volonté d’aider, elle s’est levée tôt pour rejoindre l’association ce matin-là. Mais dès son arrivée, elle raconte avoir été confrontée à des comportements qu’elle qualifie de "méprisants et hostiles".
« Je dis bonjour, mais un homme me regarde super mal », explique-t-elle en introduction de son récit. À l’intérieur, l’accueil ne s’améliore pas. Trois bénévoles, visiblement âgées, auraient affiché des visages fermés et répondu de manière sèche à ses salutations. C’est alors qu’une remarque inattendue surgit : « Par contre, le voile va falloir l’enlever. »
Des injonctions incohérentes
Face à cette demande, la jeune femme précise qu’elle porte un masque sanitaire, par précaution, en raison d’un rhume. Mais rapidement, une responsable intervient, selon elle, sur un ton agressif, lui intimant de retirer entièrement son voile sous peine d’être exclue. Malgré ses tentatives d'obtenir des explications ou un règlement justifiant cette interdiction, la responsable aurait crié : « C'est moi qui décide. Vous le retirez ou vous partez ! »
Humiliée, la jeune femme quitte alors le centre, emportant ses affaires. « J’étais venue pour aider, je me suis retrouvée rejetée et humiliée devant tout le monde. »
Une atmosphère pesante pour les plus démunis
Au-delà de son expérience personnelle, la bénévole décrit un climat délétère au sein de ce centre, non seulement pour les nouveaux bénévoles, mais aussi pour les bénéficiaires des Restos du Cœur. Elle affirme avoir appris que certaines bénévoles se moqueraient régulièrement des accents des étrangers venus chercher des denrées alimentaires, les rabaissant ou les humiliant.
« J’aimerais que les personnes qui viennent là-bas ne se sentent pas honteuses ou jugées à cause de leur apparence ou de leur situation », écrit-elle.
Renforcer les initiatives communautaires pour une solidarité durable
Face à ce type de situation, il est primordial de privilégier des initiatives communautaires qui respectent nos valeurs et offrent un cadre bienveillant. S’investir dans des associations portées par la diaspora permet non seulement de contribuer à des actions solidaires en harmonie avec nos aspirations, mais également de soutenir des structures souvent sous-financées et en manque de bénévoles.
De nombreuses associations humanitaires issues de la diaspora peinent à subsister, faute de subventions et de soutien. Il serait donc pertinent de les favoriser, car elles jouent un rôle essentiel pour notre communauté tout en étant parfois confrontées à des défis considérables.
Avant de chercher à répondre à des besoins extérieurs, il est crucial de renforcer nos propres structures. Comment prétendre aider efficacement d'autres populations si nos propres initiatives manquent de moyens et de reconnaissance ?
Un développement accru des associations communautaires permettra non seulement de répondre aux défis sociaux et humanitaires qui nous concernent directement, mais aussi de créer une base solide pour étendre notre aide à d'autres causes par la suite. En l'état actuel, le manque criant de structures au sein de la diaspora limite considérablement notre capacité à nous élever socialement et à répondre à nos propres enjeux.
Cette réflexion s’inscrit dans un contexte plus large, rappelant des débats récurrents, comme ceux concernant les mères voilées accompagnatrices lors des sorties scolaires. Bien qu’elles soient souvent indispensables pour la tenue de ces sorties, elles sont régulièrement stigmatisées dans l’espace public. Ironiquement, les mêmes qui les critiquent se trouvent démunis lorsque ces mères ne participent plus, mettant en péril des activités cruciales pour les enfants.
Dans un contexte où certains semblent refuser ou discréditer nos contributions, il est inutile de s’imposer là où la reconnaissance fait défaut. Préférons plutôt investir nos énergies dans des structures qui nous valorisent et partagent nos aspirations.
Enfin, les comportements discriminatoires ou abusifs peuvent être signalés à notre plateforme Tajmaat, dédiée à la défense des droits et à la promotion des initiatives issues de la diaspora maghrébine.