RESUME DE L'AFFAIRE

Ils sont morts en mer, dans une zone frontalière entre le Maroc et l'Algérie. Bilal Kissi, un vacancier franco-marocain, et son cousin Abdelali Mechouar ont été tués par des garde-côtes algériens après s'être égarés en mer, mardi 29 août. L'Algérie assure que ses agents ont tiré face "à un refus d'obtempérer", mais la famille des deux vacanciers parle d'un "drame d'une cruauté sans nom". Ses avocats ont annoncé, dimanche 3 septembre, vouloir déposer une plainte en France, notamment pour assassinat.

Nous résumons ce que l'on sait de cette affaire, pour laquelle une enquête sur les "circonstances du décès" a été ouverte au Maroc.

Qui sont les victimes ?

Bilal et Mohamed Kissi, Ismaïl Snabi et Abdelali Mchiouer, sont tous des Franco-Marocains et un Marocain résidant en France depuis 30 ans, étaient soit membres d'une même famille ou de proches amis. Le mardi 29 août, ils ont vécu une tragédie lorsqu'ils ont été pris pour cible de tirs nourris. Cela s'est produit alors qu'ils se trouvaient en mer sur des jet-skis, à proximité de la côte Marocaine, dans les eaux maritimes algériennes, près de Saïdia.

Bilal Kissi a été abattu et a été inhumé dans sa ville natale de Bni Drar, dans la province d'Oujda. Son frère a survécu. Le sort d'Abdelali Mchiouer, qui a également été tué, et d'Ismaïl Snabi, détenu par les autorités algériennes, reste inconnu.

Le Récit de Mohamed Kissi

La famille des deux vacanciers, dont un Franco-Marocain, tués mardi en mer par des garde-côtes Algériens dans une zone frontalière entre le Maroc et l’Algérie, va déposer une plainte en France, ont annoncé ses avocats ce dimanche.

Selon le récit de Mohamed Kissi, un Franco-Marocain de 33 ans, quatre vacanciers, dont il faisait partie, se sont égarés en mer lors d’une sortie en jet-ski mardi près de la ville côtière marocaine de Saïdia. Ils ont été rejoints par des garde-côtes à bord d’un bateau, qui leur ont tiré dessus.

Son frère Bilal Kissi, commerçant de 29 ans et père de deux jeunes enfants, et son cousin Abdelali Mechouar, commerçant de 40 ans vivant en France et père d’un enfant de cinq ans, ont été tués.

Un ami, Smaïl Snabé, franco-marocain, a été arrêté par les garde-côtes algériens. Mohamed Kissi a lui été secouru par la Marine Marocaine.

Le parquet d’Oujda, ville du nord-est Marocain limitrophe de l’Algérie, a ordonné mercredi l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances de cet « incident violent en mer », selon une source judiciaire à l’agence marocaine MAP.

Bilal Kissi a été enterré jeudi 31 août 2023, en présence de dizaines de proches dans le village de Bni Drar, près de Oujda, une ville limitrophe de l'Algérie. Le corps d'Abdelali Mechouar, tué aux côtés de Bilal Kissi, se trouve encore côté Algérien, selon les médias Marocains, qui ont précisé que Smaïl Snabé avait pour sa part été blessé et interpellé par les autorités Algériennes. La France a confirmé qu'il s'agissait également d'un ressortissant français.

« On a enterré un frère et on veut récupérer le cadavre d'Abdelali, c'est notre cousin, a déclaré un cousin de Bilal Kissi. Ces jeunes n'avaient ni de la drogue ni n'ont volé quoique ce soit, ils sont en règle. Ils étaient venus passer des vacances en famille » dans cette station balnéaire connue pour sa longue plage et ses activités nautiques.

Mohamed Kissi a raconté au site Al Omk qu'ils se sont perdus et se sont retrouvés en Algérie , à court d'essence. « Un Zodiac noir algérien est venu vers nous et a commencé à zigzaguer comme s'ils voulaient nous renverser », a-t-il raconté. « Ils (les occupants du Zodiac) ont tiré sur nous. Ils ont tué mon frère et mon ami. Ils ont arrêté mon autre ami », a-t-il dit.

Le témoignage complet de Mohamed Kissi peut être visionné dans cet article de BFM.

Une plainte bientôt déposée en France

Une plainte sera déposée ce mardi 5 septembre en France pour « assassinat aggravé, tentative d’assassinat aggravé, détournement de navire et non-assistance à personne en danger », a indiqué Hakim Chergui, l’un des avocats de la famille des victimes.

« La rupture des relations diplomatiques entre le Royaume du Maroc et la République Algérienne, à l’initiative de cette dernière, ne saurait justifier la commission du moindre crime et encore moins, l’impunité de ses auteurs », ont écrit Hakim Chergui et Ghizlane Mouhtaram qui défend la famille au Maroc.

« C’est la raison pour laquelle, contraints par le mutisme des autorités algériennes, sur le territoire desquelles les assassinats ont eu lieu, ils n’ont pas d’autres choix que de recourir à la justice française pour que toute la lumière soit faite sur ce drame d’une cruauté sans nom », ont ajouté les deux avocats.

La famille Kissi sollicite « de toutes les parties concernées la plus grande des diligences afin de permettre la restitution à ses proches du corps d’Abdelali Mchiouer, actuellement sous main de justice en Algérie, et sa mise en terre au Maroc, entouré de tous ceux qui l’ont connu et aimé, dans les plus brefs délais », ont-ils également fait savoir.

Les familles des victimes « appellent (…) au respect de leur souffrance » et « à la plus grande vigilance quant aux récupérations extrémistes de tous bords », ont ajouté les deux conseils.

Fake News sur les réseaux sociaux

Depuis plusieurs jours, des internautes diffusent des vidéos afin de jeter l'opprobre sur un camp ou un autre, des fake-news ont circulé sur les réseaux sociaux.

Nous avons découvert une vidéo postée sur Tiktok et X, montrant une « fuite des individus malgré les injonctions de la Marine Algérienne », cette vidéo est datée du mois de Juillet et ne représente ni Bilal Kissi, ni Abdelali Mechouar. Cette vidéo est une fake news.

L'itinéraire des vacanciers Marocains

Près de huit kilomètres séparent la marina de Saïdia de la frontière maroco-algérienne, dans un témoignage accordé par Mohamed Kissi au média Le360, "Nous nous sommes égarés vers 19 h 30. Nous n'avions plus d'essence pour les jet-skis et nous dérivions. Dans le noir, nous nous sommes retrouvés dans les eaux algériennes"

Cette même source a indiqué que les jeunes vacanciers sont montés à bord de leurs jet-skis à la marina de Saïdia, puis sont allés vers Ras El Ma (Cap de l'eau), effectuant une petite pause à Sid El Bachir avant de reprendre la route pour rejoindre le point de départ. Sur le chemin du retour, la nuit tombée empêche les conducteurs de jet-skis de retrouver la plage de Saïdia, et leur dérive se poursuit jusqu'aux eaux Algérienne.

Un Franco-marocain en détention

Âgé de 33 ans, Ismaïl Snabi est toujours en détention chez les autorités algériennes. Contrôleur technique, il est marié à une Algérienne et a trois enfants, de 8 et 6 ans pour les aînés ainsi qu’un nourrisson.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes affirment que Ismail a été condamné à 18 mois de prison, mais ses proches affirment qu'il a été condamné à 3 mois de prison et disent être sans nouvelles de lui. «Une fois arrêté, il a été accusé de recel d’un jet-ski volé avant d’être soupçonné de trafic de cannabis. Condamné à trois mois de prison ferme, un avocat a été chargé de prendre sa défense. Il a un short pour seul vêtement et nous n’arrivons toujours pas à entrer en contact avec lui, ne serait-ce que pour lui faire parvenir des habits», souligne Hamad Kassi.

La France a de son coté confirmé la mort d’un Français d’origine Marocaine et « l’incarcération d’un autre compatriote en Algérie dans un incident impliquant plusieurs de nos ressortissants ».

Le parquet de Paris a indiqué à l’AFP avoir été « avisé par le Quai d’Orsay du décès d’un ressortissant franco-marocain à proximité des côtes algériennes » au titre de sa compétence pour les faits commis à l’étranger par ou sur un ou des ressortissants français.

Le drame aurait-il pu être évité ?

Le média TelQuel a contacté Mohammed Birrikh, patron de l'agence spécialisée dans les activités nautiques Almarino Nautic à Saïdia, afin de savoir si le drame aurait-il pu être évité si les vacanciers avaient été en mesure de localiser la marina ou la plage de Saïdia ?

Il explique qu'il y a un réel problème de lumière à la marina". “La mise en place d'un meilleur éclairage est essentielle", a-t-il insisté, avant de préciser : “Il faudrait mettre en place un éclairage qui permette de distinguer le port, malgré le brouillard et une certaine distance, depuis la mer. Si toutes les lampes se ressemblent, les plaisanciers auront toujours du mal à identifier la marina." Il a également indiqué que la sensibilisation concernant la petite distance séparant la plage de Saïdia des frontières est nécessaire avant toute location de jet-ski dans cette zone.

Cependant, d'après d'autres intervenants, le manque de visibilité n'explique pas la raison des tirs nourris en direction des vacanciers.

COMMUNIQUE DES AUTORITES ALGERIENNES

Après de longs jours de silence, l’Algérie s’est finalement exprimée sur ces accusations ce dimanche dans un communiqué, ce dimanche 3 Septembre.

« Lors d’une patrouille de sécurisation et de contrôle au niveau de nos eaux territoriales, une unité des garde-côtes a intercepté, mardi à 19 h 47, trois jet-skis ayant franchi clandestinement nos eaux territoriales », écrit le ministère de la Défense Algérien.

« Après avoir lancé un avertissement sonore et les avoir sommés de s’arrêter à plusieurs reprises, les mis en cause ont refusé d’obtempérer et ont pris la fuite en effectuant des manœuvres dangereuses », poursuit le communiqué.

Le ministère évoque ensuite des « tirs de sommation » suivis de « coups de feu […] tirés contraignant un des jet-skis à s’immobiliser, alors que les deux autres ont pris la fuite ». Le ministère explique ces tirs par « une activité accrue de bandes de narcotrafic et du crime organisé » dans cette zone frontalière, et en raison de « l’obstination des passagers des jet-skis ».

L’Algérie évoque enfin la découverte d’un corps « de sexe masculin » et « non identifié » mercredi, « présentant un impact de balle par arme à feu ». Ce corps a été transféré à Tlemcen pour une autopsie. L’Algérie confirme ainsi la mort du deuxième homme, le premier ayant été retrouvé sur la côte marocaine et dont les funérailles ont déjà pu être organisées.

Réaction de l'avocat de la famille après le communiqué des autorités Algériennes

Un des avocats de la famille des victimes réagit auprès d’« Ouest-France ». Il confirme aussi un dépôt de plainte en France mardi 5 septembre.

Pour l’avocat de la famille des victimes, le scénario avancé par l’Algérie est « une aberration absolue ». Le rescapé du groupe « dit que ça ne s’est pas passé comme ça ». Et « s’il y avait eu un refus d’obtempérer, il ne donnait pas droit à la force létale », défend l’avocat.

La plainte sera déposée contre X pour « tentative d’assassinat, assassinat, détournement de navire et non-assistance à personnes en danger ». Ces motifs pourraient évoluer, « ce n’est pas exhaustif », précise Me Hakim Chergui auprès d’« Ouest-France ».

Une enquête "miroir" ouverte en France [MAJ]

Aujourd'hui à 00h21, un article de BFM affirme qu'une enquête "miroir" à l'enquête d'un parquet marocain pour déterminer les circonstances de la mort de deux vacanciers, dont un Franco-Marocain, a été ouverte en France, a indiqué lundi le parquet de Paris.

Cette enquête, pendante à l'enquête marocaine, a été ouverte pour homicide volontaire et confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris, a précisé le parquet. Elle doit permettre notamment d'avoir un cadre juridique pour recueillir des éléments.

EN ATTENTE DU COMMUNIQUE DES AUTORITES MAROCAINES

Un dossier extrêmement sensible

Ce dramatique évènement ravive les tensions entre les deux pays, les peuples ne doivent pas céder à l'émotion. Il est inconcevable de penser que l'armée Algérienne a volontairement tué des civils Marocains en raison de leur origine, tout comme il est inconcevable de penser que l'armée Marocaine a volontairement tué des civils Algériens en novembre 2021, en raison de leur origine.

Aussi dramatique que puisse être ce drame, nous devrions nous interroger sur la manière d'interpellation afin de comprendre pourquoi il est si facile de retirer des vies.

Lorsque les civils Algériens ont été tués lors d'une frappe de drone en novembre 2021, ils ont malheureusement traversé la frontière.

Lorsque les civils Marocains ont été tués lors d'une virée en jet-ski, ils ont malheureusement traversé la frontière.

Ces drames doivent pousser la société Algérienne et Marocaine à évoquer le sujet de l'intégrité territoriale. Récemment, en Corée, un Américain avait traversé le No-Mans Land et a été interpellé par l'armée Nord-Coréenne. Dans le cas des deux événements dramatique cités précédemment, nous savons que les victimes n'étaient ni des terroristes pour l'un, ni des trafiquants pour l'autre, mais des pères de familles, des fils, des oncles, des cousins, des frères. Comment certains d'entre nous peuvent ils s'enorgueillir d'être les garants du continent, si nous n'arrivons pas à éviter de tels drames ?

D'un avis subjectif et d'après les éléments factuels auprès de plusieurs médias, nous pensons que les deux évènements dramatiques cités précédemment, sont le résultat d'une grave erreur commise par les deux armées, ayant respectivement pensé pour le premier cas que les camionneurs étaient des terroristes, et pour le deuxième cas que les vacanciers étaient des trafiquants.

L'amour et le patriotisme de chacun envers ses origines et son pays ne doivent pas nous engouffrer dans une spirale de haine et de mauvaise foi, reconnaitre nos erreurs ne fait ni de vous un traitre, ni un mauvais Algérien, ni un mauvais Marocain. Nous ne sommes pas parfait et nous ne pourrons jamais améliorer la situation de nos pays d'origine si nous n'osons pas évoquer l'ensemble de nos problématiques.

Les Maghrébins doivent poser ce sujet sur la table et y discuter ensemble, aucune solution ne sera trouvée si certains Maghrébins continuent de se jeter perpétuellement la balle. Les gouvernements doivent également communiquer beaucoup plus rapidement sur des évènements aussi grave car une spirale de haine s'accentue au fil des jours.

Au bout de plusieurs jours d'observation, nous avons également constaté une multiplication anormales d'articles des médias parlant de ce tragique drame et relayent la moindre rumeur, au point où pendant plusieurs jours, ils nous étaient impossible de savoir le nombre de décès exacte car énormément d'articles se contredisaient, ces mêmes médias qui s'enfoncent dans un silence assourdissant lorsqu'un drame touche un Maghrébin en Europe. Des nombreux internautes extérieures à la diaspora se réjouissent de la situation et espèrent qu'elle aboutisse à un conflit armé.

Bien que certains individus hors du Maghreb tentent à tout prix de s'immiscer dans une faille afin de faire imploser la diaspora Maghrébine de l'intérieur, nous déplorons également le comportement de certains individus, qui par idéologie non pas nationaliste mais bien raciste envers son voisin, se moque ouvertement sur les réseaux sociaux de la mort de Bilal Kissi et Abdelali Mechouar. Nous avons observé ce même comportement abjecte lors de l'incident de Novembre 2021.

Certains tenteront de justifier ces comportements innommables en affirmant " Qu'un tel à commencé ".

C'est faux, ces individus ne souhaitent pas aboutir à une solution pacifique et se fichent des enjeux qui en découlent, car chaque drame permet de justifier leur idéologie, ils oublient malheureusement que se réjouir d'un acte aussi dramatique est indigne d'un comportement de Musulman.

• Allah a dit :

• Coran 49.10 : [Les Croyants ne sont que des frères.]

• Coran 24.19 : [Ceux qui se plaisent a discréditer les croyants subiront des tourments douloureux dans ce monde et dans l'autre, car Dieu sait et vous, vous ne savez pas.]

• Selon Wathila Ibn al-Asqa , le Prophète a dit : « Ne te réjouis pas du malheur de ton Frère de crainte que Dieu ne lui fasse miséricorde et qu'Il ne t'éprouve à ton tour. » (Tirmidhi)

• Ce qu'il faut retenir : Se réjouir du malheur de son Frère est un péché. Le véritable croyant est celui qui s'afflige lorsqu'un malheur survient au musulman et se réjouit lorsqu'un bien lui parvient.

Nous aimerions également nous adresser à ces individus, qui détestent leur voisin. Nous savons qu'il est impossible de rallier près de 90 millions d'individus et que certains rejettent également catégoriquement toute fraternité. Personne n'oblige quiconque à s'aimer, cependant, si vous aimez réellement votre pays et que vous souhaitez faire honneur à celui-ci, œuvrer pour celui-ci.

La vulgarité, les insultes et la fitna quotidienne sont des valeurs contraires aux Maghrébins et aux Musulmans. Les polémiques qu'ils entretiennent quotidiennement ne font avancer personne et tout le monde est perdant, vous les premiers.

De plus, concernant la politique, n'oubliez pas que les problèmes et enjeux politiques nous dépassent totalement et qu'il est déjà très difficile pour la diaspora de s'organiser et de résoudre ses propres problèmes, vouloir se confronter à des conflits politiques aussi grands est impossible à notre niveau, soyons humbles et tachons d'agir ensemble à nos niveaux. Reprocher aux différents peuples des drames, des actions ou des mauvais comportements que vous apercevez sur les réseaux sociaux, dont ils ne sont pas responsables individuellement est un non-sens et une injustice.

Aujourd'hui, la société Marocaine est en deuil, tachez de respecter la mémoire des défunts et de respecter le deuil des familles, qu'Allah accorde justice aux familles et Les accompagne dans cette terrible épreuve.