Ce nourrisson répond au nom de Rabah, en hommage à l'Algérien qui a assisté sa mère à accoucher dans la rue

Une femme âgée de 34 ans a perdu les eaux en plein air à Aulnay-sous-Bois le 5 février vers 18 heures. Un ancien soldat du feu originaire de Bejaia, en Algérie, est intervenu pour la soutenir dans l'accouchement. Le nouveau-né se porte bien et a été prénommé en l'honneur de son bienfaiteur.

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2/14/20243 min read

Ce nouveau-né aura une histoire captivante à partager lorsqu'il sera en mesure d'expliquer son prénom. Le lundi 5 février, vers 18 heures, sa mère sort faire une promenade courte. « Ma compagne avait un rendez-vous prévu le mardi 6 février pour déclencher l'accouchement », explique son conjoint. « Elle a décidé de marcher afin de faciliter la descente du bébé dans le bassin, ce qui rend l'accouchement moins pénible. »

Son parcours la conduit jusqu'à la rue Jean-Charcot à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), où elle ressent de fortes contractions qui l'empêchent de continuer. En rentrant de ses courses, Rabah Soltani, un livreur, aperçoit cette femme de 34 ans en proie à des douleurs intenses. « Elle se tenait sur un terre-plein au milieu de la route », raconte cet Algérien. « Je me suis immédiatement garé et je lui ai porté assistance. »

L'homme âgé de 45 ans l'aide à regagner le trottoir. Les contractions de la future mère deviennent de plus en plus rapprochées. « J'ai d'abord essayé de contacter la police mais je n'ai pas réussi à les joindre », rapporte Rabah. « J'ai ensuite alerté les pompiers qui sont rapidement intervenus. »

« J'ai ressenti l'instinct du pompier renaître en moi »

La jeune femme commence à perdre les eaux avant l'arrivée des pompiers. Le travail d'accouchement commence. « Les voitures passaient mais personne ne s'arrêtait pour aider », déplore Rabah. « J'ai informé la mère que j'avais été pompier par le passé et que je savais quoi faire pour la rassurer. »

Avec dix-sept années d'expérience en tant que pompier en Algérie, Rabah a déjà été confronté à des situations similaires. Il est arrivé en France en 2018 dans le but d'élever ses enfants. Dépourvu de nationalité française et sans-papiers, il lui est impossible d'exercer son métier en France. Il reconnaît l'importance du soutien dans de tels moments. Heureusement, une jeune femme dans la vingtaine s'arrête et réconforte la future mère en lui tenant la main.

Rabah, lui aussi, encourage la trentenaire. « Elle a fait preuve d'une grande force et d'un grand courage », salue-t-il. « Ce n'était pas sa première grossesse, donc l'accouchement n'a duré que quatre ou cinq minutes. » Heureusement, le bébé est en bonne position. La tête sort après une première poussée, suivie peu après par le corps.















« Je l'ai aussitôt enveloppé dans des couvertures apportées par deux personnes », raconte Rabah. « J'ai enlevé ma veste pour couvrir la mère, j'ai senti son soulagement. » L'ancien pompier est ensuite submergé par l'émotion. « J'ai eu du mal à trouver le sommeil pendant plusieurs jours », confie-t-il. « J'ai ressenti l'instinct du pompier renaître en moi. »

Quelques jours plus tard, Rabah rend visite à la maman à l'hôpital Jean-Verdier à Bondy. En clin d'œil à cette naissance hors du commun, il découvre que le nouveau-né, en parfaite santé, porte le même prénom que lui.

Le maire salue son « courage » et son « sang-froid »

Le quadragénaire algérien, lui-même père de trois garçons, a reçu les félicitations du maire d'Aulnay-sous-Bois pour son geste. « Votre bravoure et votre calme ont été remarquables dans cette situation critique », écrit Bruno Beschizza (LR). « Votre intervention a sans aucun doute contribué grandement à la santé du nouveau-né et de sa mère. »

Originaire de Bejaïa, dans la région de la Kabylie, Rabah aspire à obtenir des documents officiels puis la nationalité française afin de reprendre sa carrière. « J'aime apporter mon aide aux gens et me sentir utile », sourit-il. « C'est vraiment un besoin, c'est pourquoi cette histoire est si importante pour moi. »

En Algérie, Rabah était également secouriste en poste de secours pendant l'été. « J'ai passé toute ma vie sur la côte, et je serais intéressé à reprendre les activités de sauvetage si je peux redevenir pompier », ajoute-t-il. Pour l'instant, il espère régulariser sa situation administrative afin de pouvoir s'engager par la suite en tant que pompier volontaire.