« Retourne dans ton bled, sale Arabe ! » : Le chauffeur de taxi condamné pour les violences à l’aéroport de Pau-Uzein
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Le 18 avril 2025, le tribunal correctionnel de Pau a prononcé une peine de cinq mois de prison ferme avec bracelet électronique à l’encontre d’un chauffeur de taxi, reconnu coupable de violences aggravées et de propos racistes envers un chauffeur VTC d’origine maghrébine. Cet incident, survenu le 13 avril à l’aéroport de Pau-Uzein, a suscité une vive émotion au sein de la communauté maghrébine et au-delà.
« Retourne dans ton bled, sale Arabe ! »
Le dimanche 13 avril, une dispute éclate entre le chauffeur de taxi, âgé de 46 ans, et un chauffeur VTC à l’aéroport de Pau. Ce qui commence comme un différend professionnel dégénère rapidement en un acte de violence. Selon les faits établis, le prévenu a volontairement foncé sur la victime avec son véhicule, entraînant cette dernière sur une distance de 300 mètres, agrippée au capot. Des propos racistes, notamment l’injure « Retourne dans ton bled, sale Arabe ! », auraient été proférés, bien que le prévenu nie cette accusation.
Une audience marquée par la diffusion d’une vidéo accablante
Lors de l’audience, une vidéo de l’agression, largement relayée dans les médias, a été projetée. Cette séquence, qualifiée de « choquante » par le tribunal, montre la victime s’accrochant désespérément au capot du véhicule roulant à 35 km/h. Le public, profondément ému, a dû être rappelé à l’ordre. Face à ces images, le prévenu a invoqué la peur et l’adrénaline, déclarant : « Je ne savais plus quoi faire pour qu’il se décroche. » Les juges, peu convaincus, ont rétorqué : « On n’a pas vu le même film ! »
Les arguments de la défense et de l’accusation
L’avocat du chauffeur de taxi, Me Julien Marco, a déploré une « pression médiatique » et plaidé un « comportement irrationnel » de son client, un homme « dépassé » par la situation, exerçant des responsabilités syndicales. Il a contesté la réalité des propos racistes, arguant que la vidéo n’en apportait pas la preuve.
De son côté, le procureur de la République, Rodolphe Jarry, a dénoncé un « comportement fou » mettant en danger la vie d’autrui, inacceptable pour un professionnel de la route. L’avocat de la victime, Me Maxime Barnaba, a comparé le véhicule à « une arme de 1 800 kg », soulignant la gravité des faits.
Le témoignage poignant de la victime
La victime, un chauffeur VTC d’origine maghrébine, a livré un témoignage émouvant : « Sur le capot, j’ai cru que j’allais y passer. Je ne suis pas quelqu’un de violent. » Il a reçu les excuses du prévenu, qui a reconnu à la barre qu’il aurait dû s’arrêter et appeler la police.
Une condamnation jugée insuffisante face à la gravité des faits
Le tribunal a prononcé une peine de cinq mois de prison ferme avec bracelet électronique, assortie d’une obligation de soins, de l’indemnisation de la victime, de l’annulation du permis de conduire pour un mois et d’une amende de 1 000 euros au bénéfice de SOS Racisme. Cependant, cette décision est perçue par beaucoup, notamment au sein de la communauté maghrébine, comme largement insuffisante au regard de la violence de l’acte et des propos racistes rapportés.
Loin de constituer une réponse ferme, cette sanction semble minimiser la gravité d’une agression qui aurait pu avoir des conséquences tragiques et suscite une profonde déception parmi ceux qui espéraient une justice plus rigoureuse pour condamner de tels comportements.